Saison 2 à Paris - La Vie Enchevêtrée
Il n’y a de compréhension possible du vivant qu’à le concevoir comme enchevêtrement, entrelacement, emmêlement. A la notion d’enchevêtrement et d’entrelacement s’oppose celle de séparation. Nouer avec le vivant c’est entrelacer ce qui a été délacé, délaissé, c’est plaider que l’enchevêtrement est l’architecture du vivant dans toute son étendue et diversité, c’est accepter l’emmêlement avec les non-humains et tous les éléments de nature. Le vivant est une continuité enchevêtrée et entrelacée.
Nous empruntons le titre de cette seconde saison à l’ouvrage de Merlin Sheldrake The Entangled Life - La Vie Enchevêtrée - qui évoque l’immense pouvoir du mycélium qui est inséré tout autour de nous et joue un rôle décisif dans le concert du vivant en liant notamment la totalité du monde végétal et une grande partie du monde animal.
Nous formulons une hypothèse. Celle-ci consiste notamment à voir dans l’usage des techniques de tissage, de broderie dans l’art une parfaite métaphore d’un art de l’entrelacement et de l’enchevêtrement. Nous avons donc souhaité inviter des artistes qui tissent, tressent, lient les matières, qui célèbrent la relation comme ce qui se noue dans une trame infinie.
Tout particulièrement, la fibre sera l’une des trames narratives de cette seconde saison. Si au sens étymologique la fibre est ce qui est à l’extrémité, au sens de l’usage, la fibre est ce qui est au cœur de la matière quand on la décompose, la dénoue. La fibre est liant qu’elle soit d’origine végétale, animale ou minérale, ou encore plus proche de nos univers contemporains, la fibre artificielle est liant de toute communication actuelle.
Pour cette seconde saison de résidences, la Fondation LAccolade accueille six artistes, Luz Moreno Pinart, Elodie Antoine, et le collectif FIBRA (Lucia Monge, Gianine Tabja, Gabriela Flores del Pozo).
Luz Moreno Pinart, vue intérieure d'une sculpture en fibres naturelles réalisée
pour la résidence Les Vestiges du Futur au Centre Tignous, 2021.
Elodie Antoine, Thorax, 2015, courtesy galerie Aeroplastics.
FIBRA, Desbosque : desenterrando señales, 2021,
photo Juan Pablo Murrugarra / MAC Lima.